jean-Paul Gaillard
in Revue économique et sociale - volume 69 - juin 2011 - Lausanne
Résumé : l’auteur aborde le concept de peur en tant que processus susceptible, dans les conditions actuelle de mutation sociétale, d’exercer sur les rapports intergénérationnels des effets puissants et délétères. Il entreprend de montrer que cette mutation sociétale confronte deux ethos inintelligibles l’un à l’autre. Cette forme aussi particulière que rare d’inintelligibilité (les historiens ne dénombrent que cinq mutations dans l’histoire de la société occidentale) induit un phénomène global de perplexité et de peur de cet inconnaissable radical ; la jeunesse est donc peu à peu transformée en un ennemi d’autant plus redoutable que ses modes d’interaction, ses rapports aux valeurs estimées fondamentales telles que l’autorité de mode paternel, la hiérarchie verticale, la culpabilité fondamentale, l’interdit, la frustration, le temps long, la rationalité, montrent un décalage qui, à partir des critères dont disposent les décideurs (enseignants, managers, politiques, soignants) ne peuvent être interprétés que comme de très dangereuses déviances. L’auteur s’appuie ensuite sur des logiciens tels que Gregory Bateson, Mioara Mugur-Schächter, Edgar Morin, Bruno Latour, pour proposer un saut logique permettant une mise en perspective des deux ethos en frottement.
Mots-clés : mutation sociétale – mutation psychosociétale – peur – inintelligibilité – ethos – violence – autorité – hiérarchie – identité.